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22 mars 2008 6 22 /03 /mars /2008 16:35

La compagnie Bruce Power vient de demander l'autoeisation de construire quatre réacteurs en Alberta (Canada) pour produire le courant nécessaire au chauffage des sables bitumineux.

La frénésie de production d'hydrocarbures qui s'est emparée du Canada depuis quelques années soutient, paradoxalement, le développement du nucléaire. Le groupe privé d'énergie nucléaire Bruce Power, qui fournit déjà un cinquième de l'électricité de l'Ontario, vient ainsi de solliciter auprès de la Commission canadienne de sécurité nucléaire (CNSC) l'autorisation de construire quatre centrales nucléaires en Alberta, province du centre ouest. Un projet d'une dizaine de milliards de dollars canadiens (7 milliards d'euros) permettant d'installer à terme une puissance de 4 400 mégawatts. Une stratégie que Bruce Power souhaite réaliser en s'appuyant sur la petite société privée Energy Alberta, dont elle vient de prendre le contrôle.

Il s'agit du premier projet nucléaire dans cette province qui connaît un boom pétrolier sans précédent grâce à l'exploitation désormais rentable de ses sables bitumineux. Mais cette extraction nécessite d'énormes quantités d'énergie pour chauffer les sables. Une opération aujourd'hui très polluante, car techniquement dépendante des centrales au gaz naturel et au charbon, grandes émettrices de CO². Le gouvernement fédéral d'Ottawa a déclaré la semaine dernière qu'il souhaitait interdire, à partir de 2011, la construction de nouvelles unités au charbon, si elles ne capturent pas leurs émissions de gaz à effet de serre afin de les stocker sous terre. Une exigence qui, selon Duncan Hawthorne, le PDG de Bruce Power, renchérit de 50% le coût de production de chaque mégawatt-heure par rapport au nucléaire.

Ouverture aux technologies.

Le PDG a par ailleurs souligné sa volonté d'ouvrir le projet à toutes les technologies actuellement disponibles, sans privilégier celle d'Atomic Energy of Canada Limited (AECL) et son nouveau ACR-1000. Le Canada compte aujourd'hui 18 réacteurs de type Candu (à base d'eau lourde), assurant 15% de l'énergie du pays, mais Bruce Power serait prêt à étudier des projets concurrents émanant d'Areva, de Westinghouse ou de General Electrics allié à Hitachi.

Malgré cette ouverture, la nette domination du nucléaire canadien par AECL ne semble pas menacée. Au contraire, le Nouveau-Brunswick, une des provinces maritimes du pays qui mise sur le développement énergétique tous azimuths, vient de terminer l'étude de faisabilité pour la construction d'un deuxième réacteur ACR-1000 à Point Lepreau.

L'actuel, en fonction depuis 20 ans, va être arrêté le 30 mars pendant 18 mois pour des opérations de maintenance et de modernisation.  "Une opération de 1,4 milliards de dollars canadiens à laquelle Areva va apporter sa contribution sur le volet de la technologie de la sécurité" a précisé le week-end dernier Jack Keir, le ministre de l'Energie du Nouveau-Brunswick. Ces travaux permettront de porter la puissance du réacteur de 640 à 780 MW.

Patricia-M COLMANT

Les Echos du 18 mars 2007

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