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23 juin 2008 1 23 /06 /juin /2008 20:44

11 juin 2008

Au nom du peuple de Bolivie, de tous mes frères du monde, je fais appel à la conscience des dirigeants et citoyens pour que ne soit pas approuvé le texte de la "directive retour".

par Evo Morales Ayma

Jusqu’à la fin de la Seconde Guerre mondiale, l’Europe était un continent d’émigrants. Des dizaines de millions d’habitants partirent aux Amériques pour coloniser, échapper aux famines, aux crises financières, aux guerres ou aux totalitarismes européens et à la persécution des minorités ethniques. Aujourd’hui, je suis avec préoccupation le processus de la dite "directive retour".

Ce texte, validé le 5 juin dernier par les ministres de l’Intérieur des 27 pays de l’Union européenne, doit être approuvé le 18 juin par le Parlement européen. Je perçois qu’il durcit de manière drastique les conditions de détention et d’expulsion des migrants sans papier, quel qu’ait été leur temps de séjour dans les pays européens, leur situation de travail, leurs liens familiaux, leur volonté et le succès de leur intégration.

Les Européens sont arrivés dans les pays d’Amérique latine et d’Amérique du Nord, en masse, sans visa, ni conditions imposées par les autorités. Ils furent toujours bienvenus, et le demeurent, dans nos pays du continent américain, qui absorbèrent alors la misère économique européenne et ses crises politiques. Ils vinrent sur notre continent en exploiter les richesses et les transférer en Europe, avec un coût très élevé pour les peuples premiers de l’Amérique. Comme par exemple dans le cas de notre Cerro Rico de Potosi et de ses fabuleuses mines qui donnèrent sa masse monétaire au continent européen entre le XVIe et le XIXe siècle. Les personnes, les biens, les droits des migrants européens furent toujours respectés. Aujourd’hui, l’Union européenne est la principale destination des migrants du monde, conséquence de son image positive d’espace de prospérité et de libertés publiques. L’immense majorité des migrants viennent dans l’Union européenne pour contribuer à cette prospérité, non pour en profiter. Ils occupent les emplois de travaux publics, dans la construction, les services aux personnes et dans les hôpitaux, que ne peuvent ou ne veulent occuper les Européens. Ils contribuent au dynamisme démographique du continent européen, à maintenir la relation entre actifs et inactifs qui rend possible ses généreux systèmes de solidarité sociale et dynamisent le marché interne et la cohésion sociale. Les migrants offrent une solution aux problèmes démographiques et financiers de l’UE.

Pour nous, nos émigrants représentent l’aide au développement que les Européens ne nous donnent pas - vu que peu de pays atteignent réellement l’objectif minimum de 0,7 pc du PIB d’aide au développement. L’Amérique latine a reçu, en 2006, 68 milliards de dollars de transferts financiers de ses émigrés, soit plus que le total des investissements étrangers dans nos pays. Au niveau mondial, ces transferts atteignent 300 milliards de dollars, qui dépassent les 104 milliards de dollars octroyés au nom de l’aide au développement. Mon propre pays, la Bolivie, a reçu plus de 10 pc de son PIB en transferts de fond des migrants (1,1 milliard de dollars), soit un tiers de nos exportations annuelles de gaz naturel.

Il apparaît que les flux de migration sont bénéfiques pour les Européens et, de manière marginale, aussi pour nous du Tiers-Monde, vu que nous perdons des millions de personnes de main-d’oeuvre qualifiée en laquelle, d’une manière ou d’une autre, nos Etats, bien que pauvres, ont investi des ressources humaines et financières. Il est regrettable que le projet de "directive retour" complique terriblement cette réalité. Si nous concevons que chaque Etat ou groupe d’Etats puisse définir ses politiques migratoires en toute souveraineté, nous ne pouvons accepter que les droits fondamentaux des personnes soient déniés à nos compatriotes et à nos frères latino-américains.

La directive retour prévoit la possibilité d’un enfermement des migrants sans papier jusqu’à 18 mois avant leur expulsion - ou "éloignement" selon le terme de la directive. Dix-huit mois ! Sans procès, ni justice ! Tel qu’il est, le projet de directive viole clairement les articles 2, 3, 5, 6, 7, 8 et 9 de la Déclaration universelle des droits de l’Homme de 1948. Et en particulier l’article 13 qui énonce : "1. Toute personne a le droit de circuler librement et de choisir sa résidence à l’intérieur d’un Etat. 2. Toute personne a le droit de quitter tout pays, y compris le sien, et de revenir dans son pays." Et, pire que tout, il existe la possibilité d’emprisonner des mères de familles et des mineurs, sans prendre en compte leur situation familiale ou scolaire, dans ces centres de rétention où nous savons que surviennent des dépressions, des grèves de la faim, des suicides.

Comment pouvons-nous accepter sans réagir que soient concentrés dans ces camps nos compatriotes et frères latino-américains sans papiers, dont l’immense majorité travaillent et s’intègrent depuis des années ? De quel côté est aujourd’hui le devoir d’ingérence humanitaire ? Où est la "liberté de circuler", la protection contre les emprisonnements arbitraires ? Parallèlement, l’Union européenne tente de convaincre la Communauté andine des nations (Bolivie, Colombie, Equateur, Pérou) de signer un "Accord d’association" qui inclut en son troisième pilier un traité de libre-échange, de même nature et contenu que ceux qu’imposent les Etats-Unis. Nous subissons une intense pression de la Commission européenne pour accepter des conditions de profonde libéralisation pour le commerce, les services financiers, la propriété intellectuelle ou nos services publics. De plus, au nom de la "protection juridique", on nous reproche notre processus de nationalisation de l’eau, du gaz et des télécommunications réalisés le Jour des travailleurs.

Je demande, dans ce cas : où est la "sécurité juridique" pour nos femmes, adolescents, enfants et travailleurs qui recherchent un horizon meilleur en Europe ? Promouvoir d’un côté la liberté de circulation des marchandises et des flux financiers, alors qu’en face nous voyons des emprisonnements sans jugement pour nos frères qui ont essayé de circuler librement... Ceci est nier les fondements de la liberté et des droits démocratiques. Dans ces conditions, si cette "directive retour" devait être approuvée, nous serions dans l’impossibilité éthique d’approfondir les négociations avec l’Union européenne et nous nous réservons le droit d’imposer aux citoyens européens les mêmes obligations de visas qui nous ont été imposées le 1er avril 2007, selon le principe diplomatique de réciprocité. Nous ne l’avions pas exercé jusqu’à maintenant, attendant justement des signaux positifs de l’UE.

Le monde, ses continents, ses océans, ses pôles, connaissent d’importantes difficultés globales : le réchauffement global, la pollution, la disparition lente mais sûre des ressources énergétiques et de la biodiversité alors qu’augmentent la faim et la misère dans tous les pays, fragilisant nos sociétés. Faire des migrants, qu’ils soient sans papiers ou non, les boucs émissaires de ces problèmes globaux, n’est en rien une solution. Cela ne correspond à aucune réalité. Les problèmes de cohésion sociale dont souffre l’Europe ne sont pas la faute des migrants, mais le résultat du modèle de développement imposé par le Nord, qui détruit la planète et démembre les sociétés des hommes.

Au nom du peuple de Bolivie, de tous mes frères du continent et des régions du monde comme le Maghreb et les pays de l’Afrique, je fais appel à la conscience des dirigeants et députés européens, des peuples, citoyens et militants d’Europe, pour que ne soit pas approuvé le texte de la "directive retour". Telle que nous la connaissons aujourd’hui, c’est une directive de la honte. J’appelle aussi l’Union européenne à élaborer, dans les prochains mois, une politique migratoire respectueuse des droits de l’Homme, qui permette le maintien de cette dynamique profitable pour les deux continents, qui répare une fois pour toutes l’énorme dette historique, économique et écologique que les pays d’Europe ont envers une grande partie du Tiers-Monde, et qui ferme définitivement les veines toujours ouvertes de l’Amérique latine. Vous ne pouvez pas faillir aujourd’hui dans vos "politiques d’intégration" comme vous avez échoué avec votre supposée "mission civilisatrice" du temps des colonies.

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23 juin 2008 1 23 /06 /juin /2008 20:21
Jean Ziegler est l’ancien rapporteur de l’ONU sur le droit à l’alimentation. Il est aujourd’hui membre du comité consultatif du conseil des droits de l’homme des Nations unies et auteur du livre L’Empire de la honte (édition Le Livre de poche).

Le sommet de la FAO, à Rome, sur la crise alimentaire mondiale s’est clôturé, jeudi 5 juin. Que faut-il retenir de ce congrès ?

Jean Ziegler : C’est un échec total, c’est extraordinairement décevant, et très inquiétant pour l’avenir des Nations unies. Le sommet est assez unique dans l’histoire de cette organisation : plus de 50 chefs d’Etat et de gouvernement se sont réunis pour discuter de solutions concrètes à apporter à l’effroyable massacre quotidien de la faim, qui s’aggrave encore avec l’explosion des prix mondiaux des matières premières agricoles depuis cinq ou six mois. Mais le résultat de cette conférence est totalement scandaleux : l’intérêt privé s’est imposé, au lieu de l’intérêt collectif. Les décisions prises à Rome risquent d’aggraver la faim dans le monde, au lieu de la combattre.

Quels engagements des membres de la FAO auriez-vous souhaité ?

Je souhaitais trois décisions. Tout d’abord, l’interdiction totale de brûler de la nourriture pour en faire des biocarburants. Ensuite, retirer de la Bourse la fixation des prix des aliments de base, et instaurer un système où le pays producteur négocie directement avec le pays consommateur pour exclure le gain spéculatif. Troisièmement, que les institutions de Bretton Woods, notamment le Fonds monétaire international, donnent la priorité absolue dans les pays les plus pauvres aux investissements dans l’agriculture vivrière, familiale et de subsistance.

La déclaration finale du sommet, difficilement adoptée jeudi soir, engage les pays membres de la FAO à réduire de moitié le nombre de personnes qui ont faim d’ici à 2015. Est-ce un objectif crédible ?

Non, c’est de l’hypocrisie la plus totale. D’ailleurs, ce but est celui du millénaire. C’est en septembre 2000, au seuil du nouveau millénaire, que Kofi Annan, secrétaire général des Nations Unies à l’époque, avait réuni les pays membres des Nations unies à New York et avait fixé neufs buts du millénaire pour éradiquer la misère, la faim, etc. Le premier, qui a été adopté, était déjà de réduire de moitié les affamés d’ici à 2015. Mais entre 2000 et 2008, la faim n’a pas reculé, elle a massivement augmenté. Selon la FAO, il y avait l’année dernière 854 millions de personnes gravement et en permanence sous-alimentées. Sans compter les 6 millions d’enfants morts de faim. Et il pourrait y avoir 100 millions de personnes de plus à tomber dans la sous-alimentation grave et permanente à partir de maintenant à cause de l’explosion des prix.

Qui sont, selon vous, les responsables de cet "échec" du sommet de Rome ?

ll y en a trois principaux. D’une part, les Etats-Unis et leurs alliés canadiens et australiens qui ont saboté le sommet en faisant pratiquement la politique de la chaise vide. D’autre part, les grandes sociétés multinationales. Dix sociétes multinationales contrôlent actuellement 80 % du commerce mondial des aliments de base mais elles ne sont pas la Croix-Rouge et ne sont pas en charge de l’intérêt collectif. Troisième responsable, et je le dis avec beaucoup d’inquiétude, c’est le secrétaire général des Nations unies, qui est chargé de faire des propositions. Or, il ne le fait que d’une façon très insuffisante.

Propos recueillis par Laura Marzouk LEMONDE.FR | 06.06.08 | 15h17
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15 mai 2008 4 15 /05 /mai /2008 14:56
Histoire de mettre les pendules à l'heure.

Si tu ne sais pas où tu vas, sache au moins d'où tu viens.

Le Général de Gaulle ouvre à Brazzaville une conférence qui groupe les représentants des territoires français d'Afrique que autour de M. Pleven, Commissaire aux Colonies, première étape vers l'Union française. Si l'on voulait juger des entreprises de notre temps suivant les errements anciens, on pourrait s'étonner que le Gouvernement français ait décidé de réunir cette Conférence africaine.

"Attendez !" nous conseillerait, sans doute, la fausse prudence d'autrefois. "La guerre n'est pas à son terme. Encore moins peut-on savoir ce que sera demain la paix. La France, d'ailleurs, n'a-t-elle pas, hélas ! des soucis plus immédiats que l'avenir de ses territoires d'outre-mer ?"

Mais il a paru au gouvernement que rien ne serait, en réalité, moins justifié que cet effacement, ni plus imprudent que cette prudence. C'est qu'en effet, loin que la situation présente, pour cruelle et compliquée qu'elle soit, doive nous conseiller l'abstention, c'est, au contraire, l'esprit d'entreprise qu'elle nous commande. Cela est vrai dans tous les domaines, en particulier dans celui que va parcourir la Conférence de Brazzaville. Car, sans vouloir exagérer l'urgence des raisons qui nous pressent d'aborder l'étude d'ensemble des problèmes africains français, nous croyons que les immenses événements qui bouleversent le monde nous engagent à ne pas tarder ; que la terrible épreuve que constitue l'occupation provisoire de la Métropole par l'ennemi ne retire rien à la France en guerre de ses devoirs et de ses droits enfin, que le rassemblement, maintenant accompli, de toutes nos possessions d'Afrique nous offre une occasion excellente de réunir, à l'initiative et sous la direction de M. le Commissaire aux Colonies, pour travailler ensemble, confronter leurs idées et leur expérience, les hommes qui ont l'honneur et la charge de gouverner, au nom de la France, ses territoires africains. Où donc une telle réunion devait-elle se tenir, sinon à Brazzaville, qui, pendant de terribles années, fut le refuge de notre honneur et de notre indépendance et qui restera l'exemple du plus méritoire effort français ?

Depuis un demi-siècle, à l'appel d'une vocation civilisatrice vieille de beaucoup de centaines d'années, sous l'impulsion des gouvernements de la République et sous la conduite d'hommes tels que : Gallieni, Brazza, Dodds, Joffre, Binger, Marchand, Gentil, Foureau, Lamy, Borgnis-Desbordes, Archinard, Lyautey, Gouraud, Mangin, Largeau, les Français ont pénétré, pacifié, ouvert au monde, une grande partie de cette Afrique noire, que son étendue, les rigueurs du climat, la puissance des obstacles naturels, la misère et la diversité de ses populations avaient maintenue, depuis l'aurore de l'Histoire, douloureuse et imperméable.

Ce qui a été fait par nous pour le développement des richesses et pour le bien des hommes, à mesure de cette marche en avant, il n'est, pour le discerner, que de parcourir nos territoires et, pour le reconnaître, que d'avoir du coeur. Mais, de même qu'un rocher lancé sur la pente roule plus vite à chaque instant, ainsi l'oeuvre que nous avons entreprise ici nous impose sans cesse de plus larges tâches. Au moment où commençait la présente guerre mondiale, apparaissait déjà la nécessité d'établir sur des bases nouvelles les conditions de la mise en valeur de notre Afrique, du progrès humain de ses habitants et de l'exercice de la souveraineté française.

Comme toujours, la guerre elle-même précipite l'évolution. D'abord, par le fait qu'elle fut, jusqu'à ce jour, pour une bonne part, une guerre africaine et que, du même coup, l'importance absolue et relative des ressources, des communications, des contingents d'Afrique, est apparue dans la lumière crue des théâtres d'opérations. Mais ensuite et surtout parce que cette guerre a pour enjeu ni plus ni moins que la condition de l'homme et que, sous l'action des forces psychiques qu'elle a partout déclenchées, chaque individu lève la tête, regarde au-delà du jour et s'interroge sur son destin.

S'il est une puissance impériale que les événements conduisent à s'inspirer de leurs leçons et à choisir noblement, libéralement, la route des temps nouveaux où elle entend diriger les soixante millions d'hommes qui se trouvent associés au sort de ses quarante-deux millions d'enfants, cette puissance c'est la France. En premier lieu et tout simplement parce qu'elle est la France, c'est-à-dire la nation dont l'immortel génie est désigné pour les initiatives qui, par degrés, élèvent les hommes vers les sommets de dignité et de fraternité où, quelque jour, tous pourront s'unir. Ensuite parce que, dans l'extrémité où une défaite provisoire l'avait refoulée, c'est dans ses terres d'outre-mer, dont toutes les populations, dans toutes les parties du monde, n'ont pas, une seule minute, altéré leur fidélité, qu'elle a trouvé son recours et la base de départ pour sa libération et qu'il y a désormais, de ce fait, entre la Métropole et l'Empire, un lien définitif. Enfin, pour cette raison que, tirant à mesure du drame les conclusions qu'il comporte, la France est aujourd'hui animée, pour ce qui la concerne elle-même et pour ce qui concerne tous ceux qui dépendent d'elle, d'une volonté ardente et pratique de renouveau.

Est-ce à dire que la France veuille poursuivre sa tâche d'outremer en enfermant ses territoires dans des barrières qui les isoleraient du monde et, d'abord, de l'ensemble des contrées africaine ? Non, certes ! et, pour le prouver, il n'est que d'évoquer comment, dans cette guerre, l'Afrique Équatoriale et le Cameroun français n'ont cessé de collaborer de la façon la plus étroite avec les territoires voisins, Congo belge, Nigeria britannique, Soudan anglo-égyptien, et comment, à l'heure qu'il est, l'Empire français tout entier, à l'exception momentanée de l'Indochine, contribue dans d'importantes proportions, par ses positions stratégiques, ses voies de communications, sa production, ses bases aériennes, sans préjudice de ses effectifs militaires, à l'effort commun des Alliés. Nous croyons que, pour ce qui concerne la vie du monde de demain, l'autarcie ne serait, pour personne, ni souhaitable, ni même possible. Nous croyons, en particulier, qu'au point de vue du développement des ressources et des grandes communications, le continent africain doit constituer, dans une large mesure, un tout. Mais, en Afrique française, comme dans tous les autres territoires où des hommes vivent sous notre drapeau, il n'y aurait aucun progrès qui soit un progrès, si les hommes, sur leur terre natale, n'en profitaient pas moralement et matériellement, s'ils ne pouvaient s'élever peu a peu jusqu'au niveau où ils seront capables de participer chez eux à la gestion de leurs propres affaires. C'est le devoir de la France de faire en sorte qu'il en soit ainsi.

Tel est le but vers lequel nous avons à nous diriger. Nous ne nous dissimulons pas la longueur des étapes. Vous avez, Messieurs les Gouverneurs généraux et Gouverneurs, les pieds assez bien enfoncés dans la terre d'Afrique pour ne jamais perdre le sens de ce qui y est réalisable et, par conséquent, pratique. Au demeurant, il appartient à la nation française et il n'appartient qu'à elle, de procéder, le moment venu, aux réformes impériales de structure qu'elle décidera dans sa souveraineté. Mais, en attendant, il faut vivre, et vivre chaque jour c'est entamer l'avenir.

Vous étudierez ici, pour les soumettre au gouvernement, quelles conditions morales, sociales, politiques, économiques et autres vous paraissent pouvoir être progressivement appliquées dans chacun de nos territoires, afin que, par leur développement même et le progrès de leur population, ils s'intègrent dans la communauté française avec leur personnalité, leurs intérêts, leurs aspirations, leur avenir.

Messieurs, la Conférence Africaine Française de Brazzaville est ouverte.

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20 février 2008 3 20 /02 /février /2008 10:50
 

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Le Crédit Agricole et la Grameen Trust de Mohammad Yunus ont annoncé la création d’une « fondation Grameen Crédit Agricole » entièrement dédiée à la microfinance. Dotée initialement de 50 millions d’euros, puis de 100 millions supplémentaires à partir de 2009, elle offrira aux institutions de microfinance (IMF) une large gamme de financements et une assistance technique.



Crédit Agricole SA a annoncé lundi la création d’une fondation exclusivement dédiée à la microfinance. Elle sera montée en partenariat avec la Grameen Trust, une ONG qui soutient et conseille les programmes internationaux de microcrédit, et qui est une filiale de la Grameen Bank, la « banque des pauvres » de Mohammad Yunus, Prix Nobel de la Paix 2006.
La « Fondation Grameen Crédit Agricole pour la microfinance dans le monde » proposera aux institutions de microfinance (IMF) une gamme complète de financements (crédits, garanties, fonds propres), ainsi qu’une plateforme de conseil, d’échange et d’assistance technique.
« Nous nous donnons les moyens financiers et humains pour accompagner des IMF dans leur courbe d’apprentissage et dans leur croissance  », précise dans un communiqué Georges Pauget, directeur général du Crédit Agricole.
Car les IMF, qui offrent des services financiers aux personnes exclues des réseaux bancaires traditionnels, voient souvent leur développement freiné par l’insuffisance de leurs ressources ou leur manque d’expérience.



Dotée à sa création de 50 millions d’euros, la Fondation Grameen Crédit Agricole prévoit d’élargir ses ressources par la création en 2009 d’un fonds de microfinance qui sera alimenté par des entreprises ou des institutions dans le cadre de leur politique d’investissement socialement responsable (ISR).
Dirigé par un conseil d’administration composé de membres du Crédit Agricole et de la Grameen Trust, dont le professeur Yunus, la Fondation devrait disposer en régime de croisière de 150 millions d’euros.

Une étape importante en faveur des pays en développement, selon le Prix Nobel de la Paix 2006, pour qui « il faut aller au-delà du microcrédit et mobiliser les forces vives de l’économie de marché au service du combat contre la pauvreté et pour le développement. »

Un fonds alimenté par les entreprises


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1 février 2008 5 01 /02 /février /2008 23:35

Le 1er janvier 2008, entrait en vigueur l’Accord de libre échange nord-américain (Alena). Cette ouverture commerciale des frontières devrait ruiner petites et moyennes exploitations agricoles et entraîner une migration supplémentaire de 10 % des Mexicains aux Etats-Unis. Trois cents organisations agricoles de tous bords se sont retrouvées à Mexico pour réclamer la renégociation de ce traité, et une nouvelle politique agricole.

 

Des vaches sous le monument à la Révolution... Une distribution gratuite de 26 000 litres de lait... Une caravane de tracteurs et de moissonneuses-batteuses sur le Paseo de la Reforma, les champs Elysées mexicains : 130 à 150 000 paysans sont venus manifester ce 31 janvier à Mexico, pour former une grande alliance nationale et exiger une renégociation de l’Alena.

 

Dès les premières heures de la journée, des groupes de paysans ont formé des murailles humaines sur divers points de la frontière nord-américaine pour s’opposer à l’entrée sans taxes de 1 100 produits dont 4 hyper sensibles : le maïs, le haricot noir, la canne à sucre et le lait en poudre.


Pour Davis Padilla, du Barzon, cette mobilisation massive des paysans est une déclaration de guerre au gouvernement mexicain et aux fractions parlementaires du PRI (ancien régime) et du PAN (parti au pouvoir), qui refusent d’écouter les arguments du monde rural mexicain.

 

Héladio Ramirez, le président de la Commission du développement rural du Sénat, a demandé au gouvernement d’être prudent, car « le Mexique est au bord de l’instabilité sociale en raison de l’insupportable situation dans laquelle se trouve 30 millions de paysans ».

 

Même son de cloche à la Chambre des députés, où José Federico del Valle considère que « la libéralisation de tous les produits agricoles peut avoir de terribles conséquences pour les agriculteurs ».

 

Un bilan catastrophique pour le monde rural

 

Il y a 14 ans, lorsque le gouvernement mexicain signe l’Alena, il affirme que ce traité de libre commerce va créer des emplois et permettre au Mexique d’entrer de plein pied dans le premier monde.

 

Aujourd’hui, on s’aperçoit que, durant toutes ces années, les gouvernements ont regardé le monde rural se dégrader sans intervenir. Aucune politique agricole n’a été mise en place pour permettre aux exploitants d’être plus efficaces, pour éviter que les subsides ne disparaissent dans les poches des organisations corrompues ou ne soient accordés qu’aux groupes agro-industriels privilégiés par le gouvernement. Aucun effort n’a été entrepris pour former des techniciens compétents, pas plus qu’il n’y a eu de financement pour moderniser les exploitations agricoles.

 

« S’il y avait eu volonté politique, explique Max Correa, de l’ONG Sin Maïs no Hay País  (Sans maïs, pas de pays), le gouvernement aurait mis en place des aides pour permettre aux paysans de regrouper leurs terres (85 % des agriculteurs possèdent en moyenne 2 hectares de terres), et pour réorganiser la production » (sur les 1,9 millions de producteurs de maïs, 79 000 seulement vendent leur grain sur le marché national ou international, ce qui veut dire que cette production est essentiellement de l’autoconsommation).

 

Ce manque d’action politique a entraîné une stagnation de la production. Le Mexique a produit 23 millions de tonnes de maïs en 2007 contre 18 en 1994, soit 30 % de plus en 14 ans. A peine 2 % de croissance par an, ce qui est insignifiant dans un pays à vocation agricole. Le bilan des 14 ans de l’Alena est donc sans appel. Le monde rural est resté archaïque.

 

Le poids de l’ouverture des frontières


Avec la disparition progressive des taxes à l’importation, le grain américain, fortement subventionné, est devenu moins cher que le grain mexicain. Ces importations ont donc entraîné un exode rural vers les villes et aux Etats-Unis. Selon Cruz Lopez Aguilar, le président de la puissante Confédération Nationale des Paysans (CNC) : « 5 millions d’emplois agricoles ont été perdus, 2 millions d’hectares sont en jachère, et 6 millions d’agriculteurs mexicains ont émigrés aux Etats-Unis ».

 

Le Mexique a alors perdu sa souveraineté alimentaire et a été contraint d’importer 10 millions de tonnes de maïs par an. Une situation d’autant plus grave que depuis que les Etats-Unis ont lancé leur plan Ethanol, les prix des grains se sont envolés, entraînant une hausse généralisée du panier de la ménagère.

 

« La hausse la plus scandaleuse est celle de la tortilla, la galette de maïs, base de l’alimentation des 50 millions de Mexicains les plus pauvres. Son prix a augmenté de 760 % en 14 ans ! Les responsables de ces hausses sont les spéculateurs, les entreprises de commercialisation qui provoquent la pénurie pour augmenter les prix sans que le gouvernement ne bronche, déclare Max Correa, c’est la raison pour laquelle il faut renégocier le chapitre agricole de l’Alena, moderniser notre agriculture et retrouver notre souveraineté alimentaire ».

 

Le Parti d'action nationale et le gouvernement s’y refusent, estimant que les bénéfices de ce traité doivent être pris dans leur ensemble et non chapitre par chapitre. Cruz Lopez Aguilar résume joliment la situation : « Nous avons été trompés ! Le gouvernement a volontairement abandonné les campagnes, et comme toujours lorsque l’on signe un traité, il y a toujours une offrande, et la vérité, c’est que le monde rural a été l’agneau du sacrifice sur l’autel libéral : le gouvernement nous a vendus ! ».

 

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30 janvier 2008 3 30 /01 /janvier /2008 17:47
par un étudiant canadien provisirement installé au Niger.

http://www.stages.alternatives.ca:80/blog/archives/282
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28 janvier 2008 1 28 /01 /janvier /2008 10:04
Les entreprises du secteur des biotechnologies, Monsanto,Syngenta et BASF, ont quitté un groupe de travail international de prospective pour une agriculture durable, capable de réduire la faim et la pauvreté. Motif du départ : le projet de rapport final n’est pas tendre avec les organismes génétiquement modifiés (OGM) et avec les pratiques de propriété industrielle dans le domaine des semences.

Les industriels des biotechnologies, producteurs de semences d’organismes génétiquement modifiés (OGM), se sont retirés d’un projet international pour l’agriculture, rapporte The Guardian.

Né de la mobilisation internationale à l’occasion du Sommet mondial de Johannesburg en 2002 sur le développement durable, l’International Agriculture Assessment of Science and Technologies for Developpment (IAASTD) est une opération de prospective, lancée par la Banque mondiale et les Nations-Unies (FAO, OMS, PNUD, PNUE et UNESCO), autour de la question : « peut-on réduire la faim et la pauvreté dans le monde, améliorer les conditions de vie des zones rurales et promouvoir un développement durable et équitable grâce à l’accès, l’utilisation et la production de savoirs, de sciences et de technologies agricoles ? ».

Regroupant une soixantaine de représentants de gouvernements, de la société civile et d’institutions internationales, le projet a l’ambition d’évaluer les connaissances scientifiques et technologiques agricoles en vue de définir les options d’une agriculture durable et de faire émerger des programmes de recherche pour combler les lacunes identifiées.


Les OGM : une source potentielle de problèmes dans les pays en développement

 

Les entreprises du secteur des biotechnologies, Monsanto, Syngenta et BASF, ont quitté l’IAASTD quand le projet de rapport a remis en cause l’évidence de l’accroissement des rendements permis par les cultures OGM et s’est inquiété des problèmes potentiel de la possible appropriation des ressources agricoles par les entreprises concernées par le biais des brevets. Basé sur les travaux de 4000 scientifiques et experts internationaux, le rapport souligne également qu’il existe « un large éventail de perspectives sur l’environnement, la santé humaine et les risques économiques que nous ignorons encore  ».

Selon Jan van Aken, responsable de la campagne OGM de Greenpeace international, cité par The Guardian, « cette évaluation va bien au-delà du génie génétique, il s’agit d’élaborer des solutions mondiales pour l’agriculture et le monde pauvre et affamé. C’est une honte de se retirer d’une telle initiative, simplement parce que votre stratégie commerciale ne correspond pas à des principes scientifiques ».

Les conclusions finales de l’IAASTD sont attendues pour le mois d’avril prochain.

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25 janvier 2008 5 25 /01 /janvier /2008 00:17

Le premier janvier 2008, le chapitre agricole de l’Accord de libre échange nord américain (ALENA) est entré en vigueur au Mexique, permettant une ouverture commerciale totale de produits très sensibles pour l’économie et l’alimentation mexicaine, entre autre le maïs et les haricots.

 

Les organisations sociales et paysannes se mobilisent à travers le pays pour dénoncer cette nouvelle attaque à la sécurité alimentaire et à la survie même de la paysannerie. 

 

Depuis l’entrée en vigueur de l’Accord de libre échange nord américain (ALENA) en 1994, entre le Canada, le Mexique et les États-unis, on ne cesse de nous répéter dans les médias de masse, que cet accord convient aux trois partis et que chacun y trouve son compte.


Or, lorsque l’on regarde la détérioration de la situation économique et sociale au Mexique depuis 13 ans, force est de constater que l’application des politiques néolibérales a des conséquences catastrophiques sur la qualité de vie des mexicainEs, particulièrement au niveau de la sécurité alimentaire et de la survie de la paysannerie.

 

En fait, l’ALENA n’a bénéficié qu’à une minorité de grands producteurs du nord du pays qui avaient le capital, les instruments, la technologie et les infrastructures pour pouvoir être compétitifs, pendant que se dégrade jour après jour la qualité de vie de l’immense majorité.

 

 

Les chiffres démontrent que les promesses qui ont été faites sur les avantages de l’ALENA au Mexique ne se sont pas accomplies. On a dit que les aliments seraient moins chers, qu’il allait y avoir plus d’emplois et que les emplois allaient être mieux rémunérés. Rien de tout cela ne s’est avéré vrai. C’est exactement le contraire s’est produit.

 

En 1994, il y avait 12 millions de pauvres au Mexique. Aujourd’hui, il y en a plus de 50 millions. De ces 50 millions de pauvres, presque 20 millions, en pauvreté extrême, vivent à la campagne.

 

Avant l’application du traité de libre échange, 26 000 MexicainEs migraient chaque année vers les États-unis. Aujourd’hui, ils sont près de 600 000. Une personne perd la vie chaque jour en essayant de traverser la frontière. [1]

 

 

 

2008 : L’entrée en vigueur du chapitre agricole de l’ALENA

 

Le premier janvier 2008, le chapitre agricole de l’ALENA est entré en vigueur au Mexique, permettant une ouverture commerciale totale (levée des tarifs douaniers) de produits très sensibles pour l’économie et l’alimentation mexicaine, soit le maïs, les haricots, le sucre et le lait en poudre. Ce sont 8 millions de paysanNEs qui seront affectéEs, sans parler de l’augmentation du prix des denrées de base qui affectera l’ensemble de la population.


 

Olegario Carrillo Meza, coordinateur de l’Union nationale des organisations régionales paysannes autonomes décrit la situation :

 

« La libéralisation commerciale promue par le néolibéralisme a provoqué de graves problèmes sociaux et économiques dans les communautés rurales dont la principale activité économique est l’agriculture : abandon et concentration de la terre, intensification de la migration de la campagne à la ville et aux États-unis, augmentation de la pauvreté, et augmentation de la marginalisation rurale et urbaine. »

 

De plus, « les transnationales de l’alimentation contrôlent les marchés et détruisent la capacité des petits producteurs qui ne peuvent pas entrer en compétition contre les importations sur leur propre marché. C’est la loi de la jungle, selon laquelle le grand mange le petit, avec comme résultat le fait que l’agriculture paysanne s’en va en ruine.

 

Il est important de souligner que si les paysans mexicains produisent plus cher, ce n’est pas par manque d’efficacité, sinon parce que le prix des facteurs de production est plus grand et que les appuis qu’ils reçoivent de la part du gouvernement ne se comparent pas avec ceux que reçoivent de la part de leur propre gouvernement les agriculteurs des États-Unis et du Canada.

 

Ce que veulent les paysans mexicains, c’est une relation commerciale équitative et juste. » [2]

Selon les autorités mexicaines, la crise de la production rurale n’a pas pour origine l’ALENA, sinon des raisons anciennes et structurelles.

 

 

Effectivement, la crise de la production rurale date des années 1970, lorsqu’il y a eu un changement dans la politique économique et que la production rurale a commencé à être démantelée.

 

Cependant, cette nouvelle étape de L’ALENA vient mettre en évidence la marginalisation de l’agriculture, le manque de politiques publiques efficaces et le laisser-aller avec lequel on prétend pouvoir entrer en compétition avec deux puissances agricoles, le Canada et les États-Unis, qui subventionnent autour de 50% de leur production agricole.

 

Federico Ovalle Vaquera et Emilio López Gámez, de la Centrale Indépendante d’ouvriers agricoles et paysans, mentionnent qu’en 1993, le Mexique importait 156 000 tonnes de maïs, alors que pour cette année, on évalue l’importation à 10.8 millions de tonnes !

 

Actuellement, plus de 22% des grains de maïs consommés au Mexique sont importés. De plus, la balance commerciale agricole depuis 14 ans présente une perte de 2.5 millions de dollars américains par année. 70% des personnes habitants dans les zones rurales vivent la pauvreté. Le salaire rural s’est détérioré de 60% y jusqu’à maintenant, plus de 2 millions d’emplois ont été perdus dans ce secteur.

 

La perte du pouvoir d’achat du salaire minimum depuis 1994 est dévastatrice. Dans le cas de la tortilla, au lieu de 38,2 kilos en 1994, le salaire minimum ne permet aujourd’hui d’acheter que 5,7 kilos. Même chose pour les haricots, on est passé de 8,3 à 3,14 kilos. Dans le cas du lait, on ne peut à présent acheter que 5 litres alors qu’avant l’ALENA, c’est 16,3 litres que l’on pouvait acheter avec le salaire minimum. [3]

 

Il y a un réel danger que cette ouverture commerciale se traduise par une augmentation du prix des denrées de base, avec les risques sociaux qui y sont attachés.

 

Dans le cas particulier du maïs, qui est à la base de l’alimentation mexicaine, le prix s’est déjà élevé dangereusement depuis un an, parce que les États-Unis ont utilisé leurs excédents pour produire de l’éthanol et que le Mexique dépendait déjà, dans une grande proportion, des importations de maïs provenant des États-Unis. Le gouvernement a d’ailleurs dû imposer, à cause du mécontentement général, un prix plafond à la vente de tortilla, qui avait plus que doublé dans certaines régions du pays. Il menace d’ailleurs d’augmenter sensiblement ce prix plafond à partir du mois de février. Les choses ne risquent pas de s’améliorer avec cette nouvelle phase de l’ALENA et la dépendance alimentaire accrue qu’elle implique.

 

La résistance

 

Durant l’année 2007, des dizaines d’organisations paysannes ont élevé la voix pour demander une révision du chapitre agricole de l’ALENA, à cause de l’asymétrie ressentie vis-à-vis des États-unis et du Canada. Ces organisations proposaient un mécanisme de régulation des importations et des exportations, particulièrement pour le maïs et les haricots. Mais les députés du Parti action nationale (PAN) au pouvoir ainsi que du Parti révolutionnaire institutionnel (PRI), ont voté contre.

 

Dans ce contexte, des centaines de paysannes continuent la bataille pour survivre et organisent la résistance pour que la dernière étape d’ouverture du secteur agricole, dans le cadre de l’ALENA, ne se convertisse pas en coup de grâce pour eux.

 

Le premier janvier 2008, des centaines de paysanNes et de militantEs d’organisations sociales du Mexique et des États-unis ont bloqué certains accès frontaliers avec les États-unis, pour rappeler que l’ALENA, ainsi que l’augmentation de l’importation des aliments, constituent une contre révolution sociale et agraire, qui prétend concentrer à nouveau dans une vingtaine de grandes corporations agroalimentaires mexicaines et transnationales les ressources qu’avaient réussi à récupérer les paysanNEs et les indigènes du pays tout au long du 20ième siècle, à partir de la Révolution mexicaine.

 

Les organisations sociales veulent, par ces actions coordonnées à la frontière, (mais qui ont aussi pris différentes formes à travers le pays), construire un grand mouvement de résistance national en faveur de l’agriculture mexicaine. Et cela, pour protester contre le refus du gouvernement de renégocier l’accord commercial. À partir du 10 janvier, une série de caravanes se mettront en marche à partir de différents points du territoire national pour converger à Mexico.

 

Cette année s’annonce difficile au Mexique. En plus de l’ouverture commerciale totale sur les produits agricoles, les ressources naturelles du pays, entre autre le pétrole, sont menacées de privatisation par le gouvernement illégitime de Felipe Calderon (voir Le Mexique en crise). Il en va de même pour le système de santé public.

 

Cette volonté du gouvernement d’imposer des projets qui vont contre les intérêts de la majorité des mexicainEs va de paire avec une augmentation de la répression envers ceux et celles qui s’opposent aux projets néolibéraux. La solidarité internationale sera cruciale pour les organisations sociales, syndicales et paysannes mexicaines.

 

 

Notes

[1] La jornada, 30 décembre 2007.

[2] Miriam Posadas y Matilde Pérez U. La Jornada, 30 décembre 2007. Grupos campesinos se organizan para no recibir “tiro de gracia” del TLCAN.

[3] Miriam Posadas y Matilde Pérez U. La Jornada, 29 décembre 2007. El agro mexicano llega polarizado y mermado al último tramo del TLCAN.

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16 janvier 2008 3 16 /01 /janvier /2008 16:51

Reproduction de l'article paru dans le Canard enchaîné du 9 janvier 2008.

Pleurons. Le Dakar est annulé. Cette année, pas de réjouissances. Nous ne connaîtrons pas la 54ème victime du rallye. Fini, les enfants écrasés sur les routes du Mali et de Mauritanie. Terminé, la contribution au réchauffement climatique. Fini, les centaines de 4x4 qui labourent le désert. Terminé les sympathiques soirées au coin du feu dans le bivouac avec le jovial Gérard Holtz...

...Depuis trente ans, ceux qui réclamaient l'annulation de la course sous la menace de nouveaux décès de gamins prêchaient dans le désert. Il aura suffi que des menaces de décès pèsent, cette fois, sur les participants pour que tout s'arrête net. Et puis, tiens, du même coup, l'Afrique peut désormais aller se brosser pour les deux-trois pompes à eau que le Dakar fournissait, histoire d'habiller l'évènement d'alibis humanitaires.

D'ailleurs l'Afrique n'a que ce qu'elle mérite. Bruno Saby, vainqueur du rallye en 1993 l'a dit : "C'est un tournant au niveau de l'Afrique. Je ne pense pas qu'un organisateur, aujourd'hui, quel qu'il soit, prenne le risque de retourner organiser une épreuve sur ce continent. C'est dramatique de savoir que l'Afrique est un continent abandonné et qu'il le sera de plus en plus, au point, maintenant, de ne même plus aller y faire du sport."

C'est vrai ça. Sans le Dakar, l'Afrique est un continent perdu.

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N'oublions la remarquable question d'Albert Jacquard à propos du Paris-Dakar :

"Pourquoi aller aussi vite à Dakar quand on a rien à y foutre ?"

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12 janvier 2008 6 12 /01 /janvier /2008 15:27
«La responsabilité sociale n'est pas un vain mot» 

- Barry Callebaut met l'accent sur la responsabilité sociale de l'entreprise...

- Ce n'est pas un vain mot. La responsabilité sociale se trouve au cœur de notre société. Elle nous lie aux milliers de personnes avec qui nous travaillons depuis des années. Si tout le monde faisait mieux avec l'argent disponible, nous pourrions faire beaucoup.

- Que pensez-vous du commerce équitable qui garantit un prix juste aux producteurs?

- Il est très utile dans la mesure où il sensibilise les consommateurs sur l'origine des produits et sur les conditions de production.

Par contre, il n'est pas facile à savoir si le surprix payé par les consommateurs arrive vraiment au planteur.

Nous travaillons avec la Fair Trade Labelling Organisation pour certifier la qualité d'une partie de nos produits. Barry Callebaut va plus loin que le commerce équitable: nous payons une prime pour la qualité ou encore pour des produits bio.

- Pourquoi le créneau bio? Un effet de mode?

- Non. Le consommateur veut savoir d'où viennent ses produits et il est sensible à la qualité. La demande des produits bio est en forte croissance. Nous ne pouvons pas rester en marge de ce marché de niche.

- Songez-vous à une production plus importante?

- Nous produisons ce que les clients demandent. Même si la croissance de la demande des produits bio est énorme, le volume est très bas.

- Comment réagissez-vous au problème du travail des enfants dans les plantations?

- Nous en sommes conscients. Par un système d'audit et de certification, nous voulons empêcher que les cultivateurs fassent appel au travail des enfants. C'est pourquoi les enfants doivent aller à l'école. Pour cette raison, nous avons lancé des projets
 
de scolarisation pour les enfants et nous encourageons les cultivateurs à envoyer leurs enfants à l'école.
;
Ram Etwareea

Samedi 12 janvier 2008

LE TEMPS.

 

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