En 2007, le Forum ne savait comment choisir entre les 16 risques (sur 23 recensés) qui lui semblaient devoir s'aggraver dans les dix prochaines années. Il est vrai que ce catalogue des horreurs économiques va de l'interruption des livraisons de pétrole aux tempêtes tropicales à répétition, en passant par la prolifération des armes de destruction massive.
En 2008, l'actualité commande les craintes du Forum, qui se concentre sur quatre menaces. Le risque le plus immédiat et le plus redoutable est né de la crise des subprimes, partie en août 2007 des Etats-Unis et qui pourrait (plus de 20 % de possibilité) coûter plus de 1 000 milliards de dollars (681 milliards d'euros). Soit bien plus que les 150 milliards de dollars de dépréciations d'actifs prédits par la Réserve fédérale américaine.
A court terme, le rapport estime qu'une "récession américaine ne peut pas être exclue au cours de l'année et les économistes sont divisés sur la capacité de la croissance asiatique à tirer l'économie mondiale".
Deuxième risque : l'insécurité alimentaire, qui ne figurait pas jusqu'alors dans les angoisses du Forum. La hausse des prix de l'alimentation de 17,6 % en moyenne en Chine, les manifestations contre le renchérissement de la tortilla à Mexico et la grève contre celle des pâtes à Rome ont convaincu la centaine d'experts consultés de se soucier de cette inflation.
Car celle-ci n'est pas près de s'arrêter sous l'effet de la croissance de la population mondiale, des modifications alimentaires dans les pays émergents (en cinquante ans, la consommation annuelle de viande par tête est passée de 10 à 40 kg en Chine), de l'emploi de céréales pour la fabrication de carburants et des modifications climatiques qui aggraveront sécheresses et inondations.
Le troisième risque, celui d'une rupture des chaînes d'approvisionnement, n'est pas seulement dû aux poussées du terrorisme. En développant la culture du "juste à temps", qui réduit les stocks au minimum, en multipliant les délocalisations et en supprimant les barrières douanières, la mondialisation a accru la dépendance des pays - et des entreprises - les uns par rapport aux autres.
Le monde économique est devenu plus performant, mais aussi plus vulnérable aux ruptures d'approvisionnement (tempêtes, émeutes, grèves, engorgements des ports et des aéroports) qui pourraient diffuser la pénurie à l'ensemble de l'économie.
POLITIQUES PRÉVENTIVES
Quatrième et sempiternel risque : "L'accès sécurisé et durable à l'énergie est de plus en plus problématique." Jusqu'à présent, "l'économie mondiale a montré une remarquable capacité à surmonter les hausses de prix de l'énergie depuis 2004", souligne le rapport, qui juge que "cette résilience pourrait bientôt montrer des signes de faiblesse".
Pour parer ces dangers, le Forum ne présente pas de mesures originales. Une meilleure surveillance, par les secteurs public et privé, des montages audacieux inventés par les professionnels de la finance a déjà été préconisée par le Fonds monétaire international.
La prise de conscience des risques que fait peser sur l'alimentation des plus pauvres le renchérissement des denrées alimentaires est réclamée depuis plus d'un an par l'Organisation des Nations unies pour l'agriculture et l'alimentation (FAO).
La prise en compte par les entreprises que les délocalisations ne sont pas la panacée et par les producteurs et les consommateurs de pétrole qu'ils doivent parler ensemble d'investissements et de technologies "propres" ne semble pas particulièrement novatrice.
En fait, le Forum profite de ce rendez-vous annuel pour appeler à une mobilisation internationale qui pourrait prendre la forme d'un réseau de responsables nationaux chargés d'anticiper les catastrophes et de proposer des politiques préventives.
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